Depuis maintenant cinq ans, un évènement politique trouble la tranquillité des régions anglophones du Cameroun. La création de l’état sécessionniste autoproclamé de la République d’Ambazonie entraine un conflit sanglant qui l’oppose aux forces armées camerounaises. Caridad apporte une aide humanitaire aux réfugiés ambazoniens qui fuient les zones de combat.
À peine rentré du Cameroun, Irénée de Poulpiquet, délégué aux projets de Caridad, a encore en tête ces visions d’hommes et de femmes mutilés, de maisons brûlés et d’enfants en détresse.
Bien loin des projecteurs, un conflit larvé se déroule actuellement dans la région nord-ouest du Cameroun.
Les populations sont prises entre deux feux avec les indépendantistes ambazoniens, anglophones, d’un côté et les forces gouvernementales de Yaoundé, francophones, de l’autre.
Raids armés à l’encontre de villages, enlèvements, tortures, destructions de propriétés et exécutions extrajudiciaires sont devenus la norme dans cette partie du monde.
C’est le cas de cette fillette à qui il manque aujourd’hui un bras. Elle téléphonait dans la rue quand un groupe d’ambazoniens est passé par là. Craignant qu’elle soit en ligne avec les militaires, ils lui ont coupé le bras…
Alors que ce conflit dure maintenant depuis plus de cinq ans, ce sont pas moins de 800 000 civils qui ont dû quitter leurs maisons pour trouver refuge dans les régions voisines.
D’après les observateurs 4 000 personnes sont mortes dans les combats. Ce chiffre est très certainement sous-évalué. En effet, les autorités préfèrent minimiser l’ampleur de cette guerre civile. C’est pourquoi, dernièrement, elles ont interdit l’accès à la région du nord-ouest à deux grandes ONG médicales.
Malgré les violences et la mort, ce qu’Irénée de Poulpiquet a vu à Babété est édifiant. Dans un véritable esprit d’amour du prochain, des sœurs bénédictines offrent leur aide à tous les déplacés, quelle que soit leur religion.
Alors que des réfugiés continuent à arriver, les religieuses multiplient les actions pour les soutenir.
Situé à une quinzaine de kilomètres de la zone des combats, le monastère Saint-Benoît est une oasis pour les réfugiés. Ici, ils peuvent se reposer, boire l’eau du puits financé par Caridad, manger, recevoir des soins avant de repartir sur les routes de l’exil. D’autres préfèrent s’implanter dans la région.
Pour ceux qui choisissent de rester, faute d’endroit où aller, les religieuses se démènent pour leur fournir de quoi se nourrir, gagner leur vie mais aussi offrir une instruction pour les plus jeunes.
Il n’est pas rare en effet de voir arriver des enfants seuls. Comme cette petite fille que les parents ont envoyée là-bas après que sa soeur se soit pris une balle dans la tête… Son tort ? Être allée à l’école.
Dans leur lutte contre le gouvernement camerounais, les partisans de l’Ambazonie interdisent aux écoliers de se rendre en classe car l’instruction y est donnée en partie en français. Soeur Odette ajoute également que « si les jeunes n’étudient pas, il est plus facile de les embrigader dans les milices. »
Les enfants et les personnes vulnérables sont bien évidemment les premières victimes des affrontements.
C’est pourquoi, Caridad se mobilise pour apporter une aide humanitaire aux réfugiés ambazoniens en aidant les religieuses à les accueillir, car de nombreux coûts sont à assurer pour :
– la scolarisation des enfants déplacés. Il faut, par exemple, 107 € pour payer les frais de scolarité d’un enfant en primaire ;
– l’alimentation quotidienne pour les réfugiés arrivant chaque jour ;
– les dépenses du dispensaire médical en ustensiles médicaux, médicaments et pour les salaires des soignants. Le coût journalier d’un patient est, par exemple, de 45€ ;
– l’achat de matériel agricole pour aider des réfugiés à cultiver le lopin de terre que les religieuses ont mis à leur disposition pour se nourrir.
Grâce à vos dons, Caridad renouvelle son action pour aider les soeurs de Babeté à accueillir du mieux possibles ces centaines de familles qui doivent fuir leurs maisons pour survivre.