À Manille, aidons les “doubles” victimes de la drogue

Photo d'une femme à Manille dans une rue très pauvre
5025 € collectés
72 % sur 7000 € d’objectif

Victimes de leurs addictions, et victimes de la violente répression du gouvernement contre tous les drogués, beaucoup de philippins se retrouvent face à une réalité dramatique et sanglante.
Face à cette cette situation, l’Eglise catholique par l’intermédiaire de ces paroisses a décidé d’intervenir. Caridad vient en aide à l’une d’entre elles à Manille.

Il y a de cela un mois, un prêtre philippin, le père James, est entré en contact avec Caridad. Il avait entendu parler de notre association par l’un de nos amis qui est passé dans sa paroisse de Notre-Dame de Lujan. Il venait chercher de l’aide.

Ce que ce prêtre a raconté sur son pays est bouleversant. Il est difficile d’imaginer que cela existe encore au XXIe siècle.

La paroisse du père James est située dans la banlieue de Manille, la capitale des Philippines, en plein dans un bidonville de la cité. C’est au centre des maisons de bric et de broc, des ordures et de la saleté qu’il exerce son apostolat auprès des plus pauvres parmi les pauvres.

Au milieu de la misère du quartier, la drogue fait des ravages.

Crisanto est l’une des victimes de ce mal qui gangrène le pays. Pourtant avant de connaître l’enfer de la drogue, ce jeune homme de vingt ans avait une vie normale. Il travaillait dans le port de Manille, en tant que docker.

Malheureusement, à la suite d’un accident du travail, Crisanto a été renvoyé. Les premières semaines, il s’est démené pour se faire à nouveau employer. Mais il est allé d’échec en échec. Personne ne voulait de lui. Et puis ce n’est pas la main-d’oeuvre qui manque dans cette grande mégapole de seize millions d’habitants.

Un jour, alors que Crisanto errait dans les ruelles à la recherche d’un travail, un dealer lui a proposé de goûter gratuitement à la méthamphétamine, cette substance que l’on surnomme la « cocaïne du pauvre ».

La drogue lui donne l’impression d’oublier tous ses problèmes.

Avec cette première consommation, Crisanto a mis le doigt dans l’engrenage de la drogue. Sa vie s’est alors peu à peu résumée à une seule obsession : retrouver l’état de bien-être, factice, qu’il a goûté ce jour-là.

Vous vous en doutez, le peu d’argent qu’avait Crisanto est alors passé très rapidement dans l’achat de métamphétamine. Puis lorsqu’il s’est retrouvé sans le sou, la mendicité et le vol sont devenus les seuls moyens pour payer sa dose quotidienne.
Quand le père James a rencontré Crisanto, celui-ci était allongé sur deux cartons en guise de matelas avec un sac d’ordures pour oreiller, dans un état second. Le teint cireux, les dents abîmées, vieilli précocement, le jeune homme porte sur lui les stigmates de cette peste qu’est la drogue. Vous l’aurez compris, il n’était pas beau à voir.

Crisanto est pris au piège entre deux menaces mortelles.

On le sait bien, la consommation régulière de drogue est nocive pour la santé. La méthamphétamine provoque des nausées, des insomnies, de l’hypertension ou encore des troubles cardiovasculaires.

À côté de ces risques médicaux, un nouveau danger de mort est apparu pour Crisanto et l’ensemble des toxicomanes philippins. Il s’agit de la violente politique antidrogue du président Rodrigo Duterte.

En juin 2016, cet homme haut en couleur a remporté l’élection présidentielle à la suite d’une campagne d’une rare violence où il a osé déclarer : « Oubliez les droits de l’Homme, si je deviens président, ça va saigner. »

Pour éradiquer le trafic de drogue, tuons les toxicomanes ! Tel est la politique que Duterte met en oeuvre depuis sa victoire.

La répression tous azimuts du narcotrafic s’est très vite transformée en une campagne d’exécutions extrajudiciaires. Rigoles de sang, cadavres empilés, prisons surpeuplées, familles endeuillées… Dans toutes les villes des Philippines, ces images sont devenues une réalité quotidienne.

Pour être certain de n’oublier personne, le pouvoir a mis en place une liste de suspects rassemblant les noms de trafiquants et de consommateurs supposés. Se retrouver sur cette liste équivaut la plupart du temps à une mort certaine.

De peur d’être pris pour cible, des milliers de gens se sont rendus à la police. La conséquence : des prisons bondées où les internés vivent les uns sur les autres. Dormir ou aller aux toilettes devient ainsi un véritable chemin de croix. Ces hommes n’ont plus d’intimité.

Il y a en moyenne près de cinq fois plus de détenus que de places dans les prisons, selon les chiffres du gouvernement de l’archipel.

Cette politique antidrogue s’est transformée en prétexte à toutes les exactions. Crisanto, le toxicomane dont le père James nous a parlé, est effrayé. Comme des milliers d’autres Philippins, il craint de se retrouver à la morgue prématurément.
Crisanto sait qu’il ne lui reste que peu d’alternatives. Il doit changer son mode de vie ou alors il finira en prison, dans le meilleur des cas, ou il ira rejoindre les milliers de cadavres de drogués que cette guerre a déjà faits.

Entre la mort et la prison, une troisième voie existe pour les toxicomanes : la rédemption. L’Église en est le porte-voix.
Lorsque le gouvernement a créé une liste pour ficher les potentiels drogués et dealers, le père James a décidé de réagir en mettant en place le programme Salubong de désintoxication et de réinsertion.

Face au scandale d’une politique antidrogue meurtrière et totalitaire, l’Église est le dernier rempart de protection pour tous ceux que le pouvoir poursuit et désire éliminer.

Le programme du père James fonctionne depuis plusieurs mois. Il est ouvert aux volontaires qui souhaitent se débarrasser de leur addiction aux stupéfiants et commencer une nouvelle vie.
428 personnes ont déjà été accompagnées et réinsérées. En ce moment, 48 toxicomanes participent à ce parcours.

On le sait bien, la consommation de drogue entraîne très souvent un isolement social et la rupture des liens qui unissent les toxicomanes à la société. Ce sont ces liens qu’il faut réparer pour réussir à vaincre l’addiction aux stupéfiants.

Grâce au père James, Crisanto a rejoint le programme Salubong. À travers des activités diverses, il reprend peu à peu goût à une vie sans narcotiques.

Avec le soutien d’entreprises et d’artisans, il a découvert différents métiers : fabrication de bougies, cuisine, recyclage de déchets… Le retour à l’emploi est une étape importante dans le programme Salubong. À Crisanto maintenant de s’engager dans la voie qui lui permettra de s’accomplir et de retrouver une vie équilibrée.

Aujourd’hui Caridad s’investit dans un projet jamais réalisé.

Les toxicomanes sont avant tout des victimes. Ils sont coincés entre les dealers qui les rendent accros à leurs produits stupéfiants et l’État qui pense régler le problème de la drogue en les pourchassant pour les abattre.

En tant que chrétiens, nous ne pouvons nous résoudre à accepter la violence. Les drogués sont nos frères dans le Christ. C’est pourquoi Caridad a décidé de venir en aide au père James et à son programme de désintoxication et de réintégration.

Depuis qu’il a intégré le programme du père James, Crisanto a repris goût à la vie. Il forme de nouveau des projets, comme se marier, avoir des enfants, mais également témoigner de sa renaissance auprès de ceux qui, comme lui, souhaitent entrer dans une voie sans drogue. Et ils sont nombreux !

« La seule chose qui puisse mettre fin à la pauvreté, c’est de partager » Mère Térésa

En acceptant de financer le projet du père James à hauteur de 7 000 €, Caridad met en pratique sa devise : la charité nous rend plus forts !

Je vous invite à vous engager à nos côtés en soutenant notre association dans ce magnifique combat pour la miséricorde et la rédemption. Aidez-nous à sauver d’autres toxicomanes comme Crisanto.

Vous avez les moyens de rendre ce monde meilleur, alors rejoignez Caridad dans ce grand projet.