Alors que le conflit entre la Russie et l’Ukraine entre dans sa deuxième année, Caridad dresse le bilan d’un an d’actions auprès des victimes de la guerre. Entre convois humanitaires, distributions alimentaires et installations de générateurs, retour sur les multiples missions réalisées.
Un an déjà. Un an que l’Ukraine subit les assauts des chars et des troupes russes. Si l’objectif des envahisseurs était, au départ, de remporter une guerre éclair, force est de constater que c’est un échec. Depuis, le conflit s’enlise dans une guerre de positions et de bombardements meurtriers. Comme toujours en cas d’affrontements armés, les populations civiles sont les premières victimes collatérales. Ainsi, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 7 996 573 Ukrainiens vivent actuellement en exil dans un autre pays d’Europe. D’après ce même organisme, quelque 40% des Ukrainiens ont désormais besoin d’aide humanitaire.
Un lien spécial
Dès les premiers instants de cette tragédie, Caridad s’est mobilisée. « L’association a développé un lien particulier avec l’Ukraine. En effet, avant le 24 février 2022, nous y soutenions trois orphelinats, à Jytomyr, Kiev et Khmelnitski » explique Irénée de Poulpiquet, le délégué aux projets de Caridad. Trois convois humanitaires y ont déjà été organisés. Le dernier en janvier 2022, quelques semaines seulement avant le lancement de l’opération spéciale des forces armées russes. Face aux incertitudes des premiers mois de guerre, l’urgence est alors d’offrir à ces trois établissements un soutien financier dans leur démarche pour mettre les enfants à l’abri. Emportant avec eux le strict minimum pour ne pas encombrer les voitures qui les emmènent sur les routes de l’exil, Nadia, Boris et les autres quittent leurs foyers un matin d’hiver, laissant derrière eux leur vie d’avant, l’école, les amis, l’insouciance. Réfugiés en Italie et en Pologne, où le coût de la vie est bien plus important qu’en Ukraine, l’aide financière de Caridad est plus que la bienvenue pour assurer les dépenses du quotidien.
Un convoi de médicaments
Durant cette même période, Caridad est sollicitée par une communauté religieuse basée à Oujhorod. Cette ville, située à la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie, est alors un lieu de passage obligé pour de nombreux réfugiés souhaitant quitter le pays. Après des centaines voire des milliers de kilomètres, ils arrivent exténués et pour certains gravement blessés. Le centre de premiers secours de la ville ne désemplit pas. Mais ses réserves de pansements et de médicaments ne suffisent pas à faire face à cet afflux. « Ayant eu vent de cette situation, les soeurs nous ont demandé si nous pouvions agir pour parer cette pénurie » témoigne Charles Mekri, délégué général de Caridad.
Une mobilisation exceptionnelle
Début mars 2022, à Redon. Les salles paroissiales sont en effervescences. Suite à l’appel à la générosité relayé par les médias locaux et les réseaux sociaux, de nombreuses personnes se pressent pour apporter leur don. Ici, des pansements, là des paquets de vitamine C ou encore du paracétamol s’entassent petit à petit dans la pièce. Aidée de bénévoles, l’équipe de l’association trie, annote et prépare les cartons. Ces derniers ont finalement été livrés aux sœurs au terme d’un convoi vers la frontière ukraino-slovaque.
De nouveaux bénéficiaires
Les actions en faveur des orphelinats et des religieuses d’Oujhorod permettent également à Caridad d’élargir ses contacts sur place. « Les personnes que nous avons aidées au début de la guerre nous ont petit à petit mis en relation et recommandé auprès d’autres acteurs de terrain. C’est ainsi que nous avons progressivement pu diversifier nos soutiens » raconte Irénée de Poulpiquet. Ce fut le cas avec le curé de la paroisse catholique de Jytomyr. Ce dernier accueille régulièrement dans son presbytère des familles réfugiées. Avec un coup de pouce de notre association, il a pu rénover la cuisine où celles-ci viennent préparer leurs repas mais aussi distribuer des colis alimentaires. Au-delà d’être un endroit dédié à la préparation de repas, son presbytère est également pour ces personnes, ayant souvent tout perdu, un lieu de convivialité et de sociabilisation. Ici, entre deux colis à confectionner, on peut discuter, prendre des nouvelles, oublier un peu ses malheurs et faire vivre une certaine fraternité. À l’autre bout de l’Ukraine, à Odessa, c’est également pour des distributions alimentaires que Caridad est sollicité.
Distributions alimentaires à Odessa
Dans les sous-sols de l’évêché de cette ville sur les bords de la mer Noire, une véritable ruche humaine se déploie chaque jour. Au milieu des boites de conserve et des cartons, les équipes de bénévoles se relaient pour préparer les colis à destination des réfugiés et des plus démunis de la cité. Composés de sarrasin, gruau de maïs, pois, riz, flocons d’avoine, farine, pâtes, croûtons, viande en conserve, poisson en conserve, lait concentré, biscuits, thé et huile, cette aide permet à des milliers de réfugiés sans ressources de se nourrir gratuitement. « Il n’est pas rare de voir venir aux distributions des personnes n’ayant plus aucun moyen de subvenir à leurs besoins. Partis dans la précipitation, elles n’ont plus de travail et donc plus de source de revenus » raconte Mgr Stanislav Chirokoradiouk, l’évêque d’Odessa. C’est lui qui a eu l’idée d’organiser ces distributions alimentaires. Mais faisant face à une demande trop importante pour ses capacités, le diocèse s’est tourné vers Caridad. Il a alors reçu plusieurs financements de la part de l’association. Le montant total a permis la confection de quatre mille colis alimentaires supplémentaires. De nombreuses familles ont ainsi pu traverser le rude hiver ukrainien sans connaître les affres de la faim.
De retour chez eux
Avec l’enlisement du conflit et son repositionnement dans l’est du territoire, les religieuses des orphelinats de Kiev et de Khmelnitski ont décidé de retourner avec les enfants dans leurs locaux. Cependant, la campagne de bombardements des infrastructures énergétiques du pays organisé par les Russes rend l’approvisionnement en électricité très aléatoire. En plein hiver et alors que les températures négatives sont de rigueur, il est impensable de devoir se passer de courant. Pour pallier aux défauts du réseau dû aux destructions, un seul moyen existe : acheter un groupe électrogène pouvant prendre le relais en cas de coupures. Là encore, cela n’a été possible que grâce à l’action de Caridad mais surtout de celle de ses bienfaiteurs. À Jytomyr, un générateur et un poêle à bois sont également installés pour les orphelins de plus de dix-huit ans qui sont restés dans l’établissement.
Un second convoi humanitaire
Alors que l’anniversaire du début du conflit approche, Caridad poursuit son soutien inlassable à l’Ukraine. Cette fois-ci encore, c’est par l’entremise des sœurs d’Oujhorod que nous provient une demande d’aide de la part d’un hôpital pour enfants de la région de Zaporijia. Pour y répondre, nos équipes organisent un nouveau convoi. Pour cela, c’est un peu moins d’une tonne de matériel qui est réunie : couches, lait infantile, protections hygiéniques, pansements et autres désinfectants. « Nous avons également offert plusieurs groupes électrogènes. Aujourd’hui, en Ukraine, il est quasiment impossible de se fournir en générateur. Les magasins qui en vendaient ont vu leur stock fondre comme neige au soleil à partir du moment où les Russes ont ciblés les installations électriques du pays » expose Irénée de Poulpiquet.
Un détour par la Pologne
Avant de prendre la route de la frontière ukraino-slovaque pour la seconde fois en moins d’un an, les membres de Caridad se sont dirigés vers la Pologne où se trouvent encore les enfants de Jytomyr et leurs encadrants. « Il s’agit du tout premier orphelinat ukrainien que nous avons visité. Nous avons créé un lien fort avec les jeunes qui se perpétue et se renforce malgré les conditions actuelles » relate Charles Mekri. Le dévouement de ces femmes au service de ces orphelins est tout simplement admirable. Puis sonne l’heure de se quitter. Mais avant de partir, l’équipe reçoit en souvenir un ensemble de dessins réalisés par les jeunes, signe d’une amitié qui traverse les années et les difficultés. Tout le monde se quitte avec l’espérance de se revoir bientôt à Jytomyr, en Ukraine.
Caridad toujours prête
Ce convoi risque fort de ne pas être le dernier. En effet, la fin de la guerre ne semble pas pour aujourd’hui. Cependant, l’association peut être fière des missions accomplies. Grâce aux fidèles soutiens de ses bienfaiteurs, Caridad a su s’adapter tout au long de ces douze mois. Après un an d’actions auprès des victimes de la guerre. C’est désormais une association reconnue en Ukraine et respectée pour son travail. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’elle reçoive de nouvelles demandes d’aides de personnes ou de communautés ayant connu Caridad par le diocèse d’Odessa, les sœurs d’Oujhorod ou bien encore les religieuses qui gèrent les orphelinats. Petit à petit Caridad étend ses actions à d’autres oubliés de la charité de ce pays qui lui est si cher.
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