Bénin : rencontres avec les acteurs du projet de distribution de farine

Deux enfants lèvent le pouce

Du 31 janvier au 3 février 2023, Irénée de Poulpiquet, délégué aux projets de Caridad, s’est rendu au Bénin pour faire un point avec les acteurs du projet de distribution de farine.

En 2020, Caridad a développé un projet innovant pour lutter contre la malnutrition dans la région de Natitingou (Bénin). L’association a décidé d’acheter de la farine enrichie, mélange de plusieurs céréales, à une communauté de bénédictine pour la redistribuer à trois établissements accueillent des enfants. Grâce à ce projet, 315 enfants reçoivaient deux repas par jour.

Irénée de Poulpiquet, délégué aux projets de Caridad, s’est rendu dans le village enclavé de Tayakou, au nord de Natitingou (Bénin). Il y retrouve le père Antoine Bio qui bénéficie des distributions de farine de Caridad. Son orphelinat accueille 45 enfants âgés de 5 à 15 ans. 

Nous sommes mercredi midi et les enfants viennent de terminer l’école. Un repas rapide et peu copieux les attendent. Mais tout d’abord, il doivent enlever leurs uniformes scolaires et rapporter de l’eau situé à quelques mètres de leur maison. Mireille, rappelle tous les enfants pour l’aider. Âgée de 20 ans, c’est une ancienne orpheline du centre. Elle a décidé de faire une pause d’une année dans ses études pour aider les jeunes.

Les enfants s’installent autour des tables disposées. A la suite de la prière, un silence de cathédrale s’installe. Ils sont affamés et trop occupés à manger. Ces enfants ont été abandonnés ou ont perdu leurs parents. Certains vont parfois rendre visite à leurs oncles et tantes, mais ils se sentent rarement les bienvenus.

« Je suis tellement reconnaissante de ce qu’a fait Tati pour moi, qu’il est normal à mon tour de l’aider avec les enfants. Mais ce n’est pas facile tous les jours. Ils ont faim et à part la bouillie de maïs, ce n’est pas tous les jours facile de leur faire des repas », confie Mireille. D’ailleurs, Tati, une vieille femme à la retraite qui s’occupe des enfants leur demande : « Vous aimiez la farine ? Et bien c’est grâce à Caridad que vous pouviez en avoir, alors un ban pour l’association ! ». Et voilà que les enfants clappent dans les mains en criant « Merci ! Merci ! » et des danses se succèdent.

Puis, il est déjà temps de reprendre la route pour le deuxième orphelinat : l’institut Don Bosco situé en haut d’une colline. La route pour accéder au village est très mauvaise et plus d’une fois la voiture dérape. « En saison des pluies, c’est extrêmement difficile d’y accéder. Je rêve d’avoir un 4×4 ! », confie le père Bio en riant. Arrivés à l’orphelinat, les 43 garçons accourent à leur rencontre dès qu’ils les aperçoivent. L’accueil est convivial. Parmi les orphelins, huit dansent maquillés et coiffés d’un chapeau traditionnel. Deux autres enfants tapent sur des caisses à défaut d’instruments de musiques. 

Irénée de Poulpiquet, délégué aux projets de Caridad, qui accompagne le père Bio, demande aux enfants leur menu du jour. « Encore de la bouillie de maïs ! » répondent-ils en coeurs, désolés. Car si cette bouillie est prise trop souvent, elle peut être la cause de maladies diabétiques chez les enfants. Pourtant, il est difficile de cultiver autre chose dans cette terre rocheuse. C’est pourquoi la farine enrichie des bénédictines est importante pour l’équilibre alimentaire des enfants.

Repas avec les garçons de l'Institut Don bosco

Or, vous l’aurez compris, les enfants n’ont plus la joie de bénéficier de la farine des religieuses. Trouver de quoi nourrir les enfants est redevenu un tracas pour les responsables des établissements qui bénéficiaient de l’aide de Caridad. « L’importance de cette farine saute aux yeux ! » témoigne Irénée de Poulpiquet.

En raison de la pression djihadiste dans le nord du Bénin, les bénédictines de Natitingou ont été contraintes de quitter la ville pour s’installer plus au sud à Parakou. Cela a donc entrainé la suspension de la production de farine et sa distribution aux différents établissements.

C’est justement à Parakou que se rend le délégué aux projets de Caridad le lendemain. Au fond d’une cour s’y trouve le nouveau monastère des moniales. Les soeurs y sont arrivées il y a quelques mois. Cependant, aucun de leurs ateliers n’est encore fonctionnel en raison d’un soucis de fourniture d’électricité qui dure et qui ne se règle pas. Pourtant, les religieuses sont impatientes de reprendre le travail, qui est une partie intégrante de leur vie monastique. Et surtout, elles savent à quel point la farine est attendue. « Nous avons bon espoir de reprendre la production au mois de mars. C’est important que nous puissions faire sécher les grains avant la saison des pluies qui débute en avril » confie la mère prieure à Irénée de Poulpiquet.

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